Fondatrice de l’Université Aguibou BARRY de Conakry et ancienne présidente de la CRESUP, Néné Houdia BALDE analyse les défis majeurs du secteur universitaire guinéen. Accès inéquitable, sous-représentation des femmes, inadéquation des formations et chômage des diplômés : elle propose des pistes pour une réforme en profondeur.
Un Système Universitaire Confronté à de Multiples Défis
Dans un entretien exclusif, Néné Houdia BALDE, figure emblématique de l’enseignement supérieur en Guinée, livre un diagnostic sans fard des obstacles qui entravent le développement des universités du pays. Fondatrice de l’Université Aguibou BARRY et ancienne présidente de la Chambre représentative de l’enseignement supérieur privé (CRESUP), elle pointe des problèmes structurels qui nécessitent des réformes urgentes.
Accès Inéquitable et Disparités Régionales
L’un des principaux défis reste l’inégalité d’accès à l’enseignement supérieur. « Les jeunes issus des zones rurales rencontrent d’énormes difficultés pour intégrer l’université », déplore-t-elle. Le manque d’infrastructures, les coûts élevés et les normes sociales discriminatoires privent de nombreux étudiants d’une éducation de qualité.
La Sous-Représentation des Femmes, un Frein au Développement
À l’occasion du mois de la femme, Néné Houdia BALDE alerte sur la faible présence des femmes dans les universités guinéennes. « Les normes sociales favorisent encore l’éducation des hommes, tandis que les jeunes filles doivent affronter les mariages précoces et les grossesses non désirées », souligne-t-elle. Pour elle, une politique volontariste est indispensable pour inverser cette tendance.
Manque de Moyens et Employabilité des Diplômés
Les universités guinéennes souffrent également d’un sous-financement chronique, affectant la recherche, l’entretien des infrastructures et l’innovation pédagogique. Mais le problème le plus criant, selon Madame BARRY, reste l’inadéquation entre formation et marché du travail. « Les programmes ne sont pas adaptés aux besoins économiques, et les étudiants manquent d’expérience professionnelle lors de leurs études », explique-t-elle. Résultat : un taux de chômage élevé parmi les diplômés.
Des Solutions Pour un Enseignement Supérieur Performant
Malgré ces défis, Néné Houdia Baldé reste optimiste. Elle plaide pour :
- Une volonté politique forte en faveur de l’éducation ;
- Des réformes ciblées pour moderniser les cursus ;
- Des partenariats public-privé pour renforcer les financements ;
- Une meilleure insertion professionnelle via des stages et des formations pratiques.
« Avec des investissements stratégiques, la Guinée peut former l’élite de demain et contribuer au développement de l’Afrique », conclut-elle. Un message porteur d’espoir, à l’heure où le continent a plus que jamais besoin de ressources humaines qualifiées.